WEITERSWILLER

 

Pratiques magiques : le carnet de Charles Vollmer

Un tonneau oublié dans un coin d'une grange de Weiterswiller contenait de vieux papiers. C'étaient pour la plupart des actes notariés, minutes et grosses, mais il s'y trouvait aussi le carnet dans lequel mon arrière-arrière grand-père, Charles Vollmer, recopiait des remèdes et des recettes magiques.

Charles Vollmer, est né en 1842. Ses parents, Georges-Henri et Dorothée Husser, eurent cinq enfants dont seuls Georges-Henri, l'aîné, et Charles, le benjamin, ont atteint l'âge adulte. Charles, marié à 19 ans avec Catherine Heller, apprit le métier de boulanger.

C'est l'instituteur de Wingen sur Moder, commune dont était originaire sa belle-mère Sophie Müller, qui l'aurait initié aux pratiques magiques dont les recettes sont copiées de sa main dans ce carnet.

 
carnet 1

L'inscription de la première page

Le carnet, de format 11 x 17 cm, comporte 32 pages dont 7 sont restées blanches. Une feuille volante d'une autre écriture était insérée dans le carnet.

Sur la première page il est écrit : Charles Vollmer 1862-63 Stecke. 63

L'écriture est régulière et assez lisible, sauf vers la fin du carnet où elle change plusieurs fois et où les ratures sont nombreuses. Il est probable que les dernières « recettes » ont été ajoutées après coup, une à une, alors que le reste du carnet a été copié en continu ou écrit sous la dictée.

 

Deux pages du carnet

Ce sont les pages 4 et 5. Sur la page de gauche, on reconnait le carré gnostique, fort en usage dans les pratiques magiques.

carnet 3

 

Les deux premiers remèdes

Voici la transcription et la traduction des deux premiers remèdes du carnet.
Avertissement : Les lettres N.N. sont mises pour le nom de la personne à qui l'incantation est destinée (qui peut être celui qui la dit). Le + représente le signe de croix.

[page 1]
Herzgeblüt
Dort in jenem Lustgarten
Dort stehen drei schöne Rosen
Die eine ist die Jugend
Die zweite ist die Tugend
Die dritte ist Gottes Wille
Herzgeblüt stelle dich stille
+ + +

 
Saignement
Là-bas, dans ce jardin de plaisir
Là-bas, il y a trois belles roses
La première est la jeunesse
La deuxième est la vertu
La troisième est la volonté de Dieu
Saignement, arrête-toi.
+ + +

 

So ein Mensch die Mund durch fäule hat, so spreche man nach folgendes, es hilft gewiß : Job zog über Land, Der hat den Stab in seiner Hand.
Da begnetete ihm Gott der Herr und sprach zu ihm : « Job, warum trauertst du so sehr ? » Er sprach : Ach Gott ! warum soll ich nicht trauern, mein Schlund und mein Mund will mir abfaülen. Da sprach Gott zu Job : « dort in jenem Thal,
[page 2]
da fließt ein Brun, der heilet dir N.N. dein Schlund und dein Mund, in Namen Gottes des Vaters, des Sohnes, und des heiligen Geistes. Amen. 
»

Dieses sprich 3 Mal des Morgens und des Abends, und wenn es heißet : der heilet dir N.N. So bläst man dem Kinde 5 Mal in den Mund.

 
Pour soulager à coup sûr une personne qui a des abcès dans la bouche, on dit ce qui suit : Job allait à travers la campagne, son bâton à la main.
Dieu, notre Seigneur, le rencontra et lui dit : « Job, pourquoi es-tu si triste ? »
Il répondit : « Ah Dieu ! comment ne serai-je pas triste, ma gorge et ma bouche sont en train de pourrir. » Alors Dieu lui dit : « là, dans cette vallée coule une source qui guérit ta gorge et ta bouche, N.N. , au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen. »

On dit cela trois fois le matin et le soir; et quand on récite «  der heilet dir N.N. » on souffle cinq fois dans la bouche de l'enfant.

 

D'autres documents

Ceux que le contenu de ce carnet intéresse trouveront la transcription (mais pas la traduction !) de la totalité du carnet dans le coffre documents de la page grenier du site, ainsi qu'un article très complet et érudit du pasteur Gerst, intitulé Croyances et pratiques magiques, qui analyse un cahier manuscrit trouvé à Weiterswiller dont le contenu est voisin de celui du carnet de Charles Vollmer.

 

 

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François SCHUNCK - décembre 2007
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