WEITERSWILLER

 

Anecdotes 8 : Lecture et « hobbies »

 

Lectures

Du temps de ma jeunesse, dans les années 60, l'ordinateur n'existait pas et les jeux électroniques n'étaient même pas imaginables. Mais au travers de certaines lectures comme par exemple les albums de Blake et Mortimer d'Edgard P. Jacobs on pouvait déjà entrevoir un certain futur. Pour exemple dans son album " le piège diabolique " paru en 1962, le héros Mortimer est envoyé dans le futur puis en revient avec une montre à écran téléphone, comme nos montres connectées. Cet étrange objet, qui est une réalité banale de nos jours était évidemment objet de pure science-fiction à l'époque. Et, dans la même veine, nos jeunes en ce 21ème siècle ne savent sans doute pas que les aventures de Tintin " Objectif Lune " et " On a marché sur la lune " sont aussi pure œuvre de science-fiction car conçues bien avant l'arrivée de l'homme sur la lune. Les albums de Tintin nous étaient très familiers et le premier que j'ai feuilleté était Tintin en Amérique. Ces lectures que nos parents voyaient d'un bon œil, tout comme les Pieds Nickelés et Bibi Fricotin, trouvaient leur opposé avec les illustrés en petit format comme Blek le Roc et son jeune compagnon Roddy ou Akim et Rita qui étaient loin d'avoir leur approbation. Tout comme Buck John et Rahan .

Illustrés

Les Pieds nickelés, Bibi Fricotin et Blek le Roc

 

Malgré l'interdit je lisais ces illustrés indésirables en cachette et les dissimulais entre le matelas et le sommier de mon lit. Pour ce qui est des journaux nous étions abonnés à l'édition en allemand des Dernières Nouvelles d'Alsace car c'était la première langue de mon père qui était né en 1910. Allemand que je ne savais pas lire mais en compensation je pouvais profiter pleinement des Dernières Nouvelles du Lundi en français. Mon père a tout de même fini par renoncer à l'édition allemande pour se tourner vers celle en français afin d'en faire profiter toute la famille. Toute sa vie il était abonné au Canard Enchainé et s'achetait très souvent le dernier prix Goncourt. Outre les DNA nous avions aussi épisodiquement droit à France Soir qui était un journal de très grande diffusion à l'époque. C'est chez le marchand de journaux d'Ingwiller Vogt que papa l'achetait. Et j'en étais souvent le premier lecteur sur le trajet d'Ingwiller à Weiterswiller, allongé sur la banquette arrière de notre traction grise immatriculée 801 CC 67, et concentré sur le journal au point d'en être malade à mon arrivée à la maison. Je dévorais avec passion les faits divers comme les comptes rendus d'évasions, les chutes d'immeubles des suicidés ou les attaques à mains armées. A sa une le journal présentait souvent des schémas montrant les trajets des malfaiteurs ou des suicidés dans leur chute. Et en dernière page je retrouvais quelques bandes dessinées comme Mandrake le magicien, 13, rue de l'espoir, chéri-bibi, Juliette de mon cœur, et les deux bandes dessinées verticales, les amours célèbres et le crime ne paye pas.

 

Collections et autres hobbies

Très jeune j'ai fait la collection de timbres postes ainsi que la collection de bagues de cigares. C'est par le père de Raymond Kister, fumeur de cigarillos, que je me suis pris de passion pour les bagues. Montrer mes timbres aux copains de jeux était un exercice risqué et il fallait être vigilant pour éviter de se faire subtiliser ses timbres rares. Plus tard, adolescent, je me mis à acheter les timbres neufs au bureau de poste lors de leur parution. Mon premier achat a été fait au bureau de poste de Brumath alors que j'accompagnais mon père en route pour les abattoirs de Strasbourg.

Timbres

Deux timbres émis en 1963

 

Outre les timbres neufs mon argent était aussi utilisé pour acheter régulièrement le catalogue de cotation Yvert et Tellier de France afin de connaitre la valeur de ma passion. Mais j'ai fini par réaliser qu'à long terme cet investissement d'amateur n'était, sur le plan financier, absolument pas rentable.
Le seul bénéfice et non des moindres a été la somme impressionnante d'informations que j'ai pu tirer de mes petites vignettes. C'est par les timbres que j'ai connu le nom de grands peintres et de leurs œuvres, des héros de la résistance, des sites touristiques, des grands aviateurs, bref beaucoup de culture grâce à ces petits bouts de papiers gommés et dentelés. L'odontomètre m'était devenu familier ainsi que l'essence de briquet pour visualiser les filigranes sur fond noir. Et durant de longues années j'achetais la revue l'écho de la timbrologie. De nos jours les timbres courants verts ou rouges sont d'une banalité affligeante, sans dents et autocollants. A propos des collections, certains fumeurs de gitanes accumulaient le logo de la Seita figurant sur chaque paquet. Il était dit que la Seita offrait un fauteuil pour personnes handicapées pour dix mille logos. Je n'ai jamais su si cette histoire était vraie.

Une autre passion s'est développée durant mon adolescence grâce au cadeau fait pour ma Bar Mitzva par une de mes tantes, un appareil photographique Brownie Starlet de Kodak. C'était un boitier sans le moindre réglage.

Kodak

Le Brownie Starlet de Kodak

 

J'achetais les pellicules de 12 poses à Ingwiller chez Vogt qui faisait aussi office de photographe. Et toujours le jeudi après le cours hebdomadaire de religion qui se tenait à la Synagogue. La photo numérique n'existait évidemment pas à l'époque et il fallait faire tous les douze clichés avant d'en connaitre les résultats après développement et tirage. Et une pellicule pouvait ainsi rester des mois dans l'appareil. C'était encore l'époque des diapositives, leurs projecteurs dédiés avec leur carrousel, et les séances de projection en soirée devant un écran. Et c'est chez Vogt que j'apportais ma pellicule argentique impressionnée après le long séjour dans mon appareil pour avoir les photos sur papier la semaine suivante.
Une alternative au traitement photographique par Vogt s'est un jour présentée à La Maison de Jeunes de Weiterswiller.Un bon copain de mon frère, Fridolin, y avait installé un laboratoire photo amateur, une chambre noire avec des ampoules rouges, des bacs et un agrandisseur. Et c'est ainsi qu'un jour, après une belle ballade du 1er mai au château de Hunebourg, je lui ai confié ma bobine. Mais il n'avait apparemment pas le matériel adéquat pour le format de ma pellicule car après son développement je me suis retrouvé avec un film complètement translucide, l'agitation et les frottements dans la boite de développement ayant complètement érodé la couche sensible gélatineuse avec ses sels argentiques.

 

 
 

 

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François SCHUNCK - décembre 2007
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